January 11, 2017 – Fort Russ Exclusive –
Translated by Jafe Arnold (J. Arnoldski)
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The following exclusive material was sent to Fort Russ by a self-declared representative of the anti-fascist movement in Ukraine from Kharkov, whom for safety reasons we have agreed to call “Andrey Anon.” Andrey has been living and working behind Ukrainian lines since the war began and has come into close contact with numerous personalities ranging from Poroshenko’s former business associates to Ukrainian officers and conscripts. In this astonishing tell-all, Andrey shares his knowledge of the dirty underbelly of the Poroshenko regime, the seething sentiments of conscript soldiers and civilians in occupied Donbass, and his impressions of the future of the Kiev junta and the war. Fort Russ is gratified to have been confided in with this material which the author wishes to have spread as far and wide as possible to reveal the truth of the horrific corruption and war that have gripped his country since February 2014. Andrey and Fort Russ have left out and changed certain names to protect sources and the people involved. – J. Arnoldski
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Continued from Part 1
In December 2016, by way of work affairs, for a lengthy period of time I was in close contact with a large group of servicemen, sergeants and soldiers, from the Anti-Terrorist Operation Zone, as the punitive operation against the Donbass republics is called in Ukraine.
Since Kharkov is a border town, I’ve also had many opportunities to observe the lives of Ukrainian soldiers up close. What I heard and saw in December only enriched my familiarity. I’ve repeatedly visited my relatives who live in Ukrainian Donbass immediately adjacent to the ATO zone. There I managed to observe the lives of UAF soldiers, officers and National Guardsmen in units that are deployed literally an arm’s length from the city.
The majority of Kharkovians’ attitude towards Ukrainian troops is sharply negative. What I saw in Donbass is something very particular. In Kharkov, they are treated like people serving a criminal regime. There is also some kind of pity or sympathy in this attitude. Ukrainian troops are literally hated in Donbass. Even in towns where people can’t find work, only very few people sign up for the Ukrainian Army as volunteers, literally only a handful.
Ukrainian troops’ behavior in the ATO zone is distinguished by an extremely low level of discipline. Drunkenness prevails among them. Near units of the UAF and National Guard (militia fighters who were joined by many Ukrainian neo-Nazis and Maidan volunteers after the coup) are round-the-clock alcohol sale points, where they even sell samogon (the vodka equivalent of moonshine). Many times I observed cases in which Ukrainian troops bought bottles of samogon and drunk it right on the spot while they held loaded military weapons in their hands. Some soldiers were lying unconscious nearby. I don’t know just how many cases of murder or theft of weapons have happened to drunk Ukrainian soldiers, but I think these and other cases have indeed taken place. In the least, buying a Kalashnikov or another weapon from Ukrainian units on the black market is no difficulty at all and is cheap even by Ukrainian money standards. It’s no surprise that Ukraine has become Europe’s main source of weapons deliveries onto black markets.
This behavior differs from that of the militiamen whom my family living in one of the cities of Ukrainian Donbass told me about. In the spring and early summer of 2014, the militia controlled the northern part of the Donestk and Lugansk regions. In literally a few days, the Donbass militias managed to completely eradicate the drug trade that was virtually legally managed by the city and police officials. They also liquidated 24/7 liquor stores. Despite the complete absence of a police force in the city, there was strict order, even on the roads. The number of accidents was minimal despite the frontal location of the city.
But after the Ukrainians took control of the city, everything changed instantly. Drug and alcohol trafficking was restored and in other Donbass cities that came under Ukrainian control, road accidents became more frequent. The main violators of traffic laws are UAF servicemen and the National Guard. The most egregious case occurred in the town of Konstantinovka, where in March 2015 an armored transport vehicle of the National Guard driven by drunk soldiers drove on the sidewalk at high speed and killed a child (a young girl who was 7 or 8) and hit a woman pushing a baby in a stroller. As a result, the girl was killed and the mother and infant ended up in the hospital with sever trauma. This sparked unrest and a rebellion in the city which was quickly put down by Ukrainian troops. The protesters went after soldiers with their bare hands. Several dozen protesters were seized and thrown in jail under the terrorism article. It’s hardly likely that Western media covered this. Cases of fast drunk driving on city streets happen regularly in all the cities of Ukrainian Donbass. What’s shocking is that not only has President Poroshenko never punished the guilty troops (usually contract soldiers), but the soldier who drove the armored vehicle in Konstantinovka was even awarded a medal for service by Poroshenko!
Natalia ouvre la porte de son logis, il est très modeste. Elle peut avoir 35 ans, une femme simple. Elle était serveuse dans le café de son mari dans la ville voisine de Jdanovka. Un établissement construit après un dur labeur, une vie tranquille, un petit garçon de sept ans, c’était il y a deux ans bientôt. Et puis le Maïdan est arrivé, Natalia raconte : « je n’y prêtais pas attention, nous étions au travail, mais j’étais inquiète et mon mari qui avait 40 ans était de plus en plus en colère sur ce qui se passait en Ukraine. Il a été l’un des premiers à participer en dehors de son travail aux meetings contre le Maïdan, c’était en février 2014 et puis étape après étape il a été de plus en plus actif. J’avais peur et je lui disais que je pensais que c’était dangereux, qu’il était papa, mais il pensait que la chose la plus importante était de défendre notre terre, nos libertés. Je ne peux pas dire qu’il n’avait pas raison, mais j’avais peur pour nous et pour lui et je sentais que quelque chose de terrible allait se passer».
Le mari de Natalia avec les insurgés de la région participe à la bataille de Jdanovka, les forces ukrainiennes s’enfoncent alors partout dans le Donbass, les bataillons spéciaux de néonazis ne tardent pas à les renforcer et les combats deviennent de jour en jour plus durs. La ville est prise par les Ukrainiens, lui et ses camarades creusent alors des tranchées et construisent des positions de fortunes aux alentours, ils reprendront bientôt la ville. Il est tué un jour du mois de juillet, emporté par un obus d’artillerie, laissant donc une veuve et un orphelin. Evguéni poursuit : « tant de mes camarades sont morts, et maintenant je me dois d’aider leurs familles, j’ai dû aller leur annoncer la mort de leur fils ou de leur mari ou père, j’ai vu les pleurs et je vis désormais avec cette question : pourquoi pas moi aussi ? J’espère que je ne survivrai pas moi-même à cette guerre, car toute ma vie je vais devoir faire face à ces femmes et ces familles et dans les regards je sentirai toujours cette question, pourquoi je n’y suis pas resté avec eux ? ». Cette déclaration est terrible, je ne sais que répondre à cet homme courageux, un ancien entrepreneur en bâtiment, je lis dans son regard bleu la douleur et aussi les convictions, car il reste bien entendu convaincu qu’ils devaient défendre leur liberté.
Natalia ne s’éloigne pas sans que je lui confie un peu d’argent, il s’agit de 10 000 roubles, de l’argent que les Français de mon réseau m’ont confié avant de partir et que mois après mois je distribue là où je sens qu’il est nécessaire. Natalia ne perçoit aucune aide, son mari a été tué alors qu’il n’y avait aucune structure militaire, il n’est pas jusqu’à présent considéré comme « mort au champ d’honneur », une des très nombreuses victimes anonymes de la guerre, un oublié. Les démarches sont en cours, mais l’affaire est longue, il faut des témoins, des certificats, des documents et la plupart sont morts dans son unité de volontaires. Elle ne rentre dans aucune catégorie, reçoit toutefois de l’aide précieuse de la Fédération de Russie, un tout petit peu d’autres fonds mais ce sont les voisins et des gens comme Evguéni qui l’aident le plus. Sans revenu, avec un enfant, sans travail, elle survit dans cet endroit oublié de Dieu. Evguéni m’indique alors qu’il y en a d’autres dans le Donbass… je frémis à cette idée, combien sont-elles ?
Lorsque j’annonce la somme, Natalia s’effondre, elle pleure, Evguéni me racontera qu’il ne l’aura vu pleurer que deux fois, le jour où il fut obligé de lui annoncer la mort de son mari, et en ce jour. Ce n’est pas tant l’argent, mais surtout la situation désespérée où elle se débat avec son enfant, il est d’ailleurs malade et elle refusera de nous laisser l’approcher, du moins pour le moment, je comprends d’ailleurs très bien sa gêne. Nous quittons l’endroit, je n’ai pas de mots rassurants à lui dire, alors quand je lui tends les bras, nous nous serrons, je n’ai aucune autre réaction, nous n’aurons que quelques mots pour se dire au revoir, comment pourrais-je atténuer sa douleur, comment pourrais-je lui souhaiter du bonheur. Sur le chemin du retour nous nous arrêtons. C’est la tombe d’un autre volontaire, non loin du village de Rozovka. Encore un insurgé tué, ses camarades de combat lui ont offert un monument, non loin des tranchées où il a péri. Dans le village, il y a une autre tombe. Le soldat repose en plein milieu du village, sur la place centrale, une couronne fraîche orne sa tombe, il n’y a qu’une croix, même pas une stèle ou une butte de terre. C’est aussi cela l’agression ukrainienne, des hommes venus apporter le malheur et la mort à des gens qui voulaient et qui veulent être libres.
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